TA LETTRE
Pierre de La GalitePierre de La GALITE
TA LETTRE
Lorsque est arrivée ta lettre
Je venais de me compromettre
Avec ce voisin si charmant
Qui depuis belle lurette
Voulait me conter fleurette
Avec un regard ardent
Fatiguée de tes silences
Fatiguée de tes absences
De te voir de loin en loin
J’avais pris comme habitude
Pour combler ma solitude
De penser à ce voisin
Etait-ce vraiment par hasard
Qu’il me croisait tous les soirs
Et presque tous les matins
Devant mon air égaré
Un jour il m’a demandé
N’avez-vous besoin de rien
Je n’avais besoin de rien
Je t’avais mais si lointain
Et si peu attentionné
Je cherchais sans le savoir
Je cherchais sans le vouloir
Quelqu’un à qui me confier
Je pensais être plus forte
Mais j’ai frappé à sa porte
Sans savoir quoi demander
Il n’a pas été surpris
Tout simplement il m’a dit
Voulez-vous prendre un café
On a bavardé des heures
J’ai laissé couler mon cœur
Et déversé mon chagrin
Puis il m’a raccompagné
Délicat et réservé
Me serrant très fort la main
Je n’ai pas dormi de la nuit
Cherchant dans tous les coins du lit
Un sommeil qui ne vint pas
Et dans les jours qui suivirent
Je me suis entendu me dire
Que je pensais moins à toi
Ce jeudi après midi
J’était libre et lui aussi
C’est moi qui l’est invité
Il ne savait quoi faire que dire
Et comme il allait partir
C’est moi qui l’est embrassé
Je n’ai pas ouvert ta lettre
C’était un adieu peut être
Car tu n’es pas revenu
Et puisque tout se remplace
C’est lui qui a pris ta place
Depuis je ne t’aime plus
Lorsque est arrivée ta lettre
Un amour venait de naître