Pierre de La Galite

Pierre de La GALITE
LE POLLUEUR

Quand je respire je pollue
Je dégage du gaz carbonique
Plus je respire je pollue
C’est sans issue c’est dramatique
Alors moi je fais de mon mieux
Pour aider les écologistes
Et je n’ respire qu’une fois sur deux
C’est contraignant mais je persiste

Quand je fais pipi je pollue
Je répands de l’acide urique
Plus je fais pipi plus je pollue
C’est obsédant c’est organique
Alors j’ai pris la décision
Je m’y tiendrai quoi qu’il m’en coûte
Pour contenir ma pollution
Moi je fais pipi goutte à goutte

Quand je fais caca je pollue
Ca dégage des vapeurs merdiques
Plus je fais caca plus je pollue
Et ça devient scatologique
Paraît que dans les excréments
Il reste encore des vitamines
Alors j’en stocke partiellement
Pour pallier aux jours de famine

Quand je tire un coup je pollue
Des milliards de spermatozoïdes
Plus je tire de coups plus je pollue
Et ça rend la baise insipide
Mais j’ai appris dernièrement
Que le sexe n’est pas primordial
Mais je compense naturellement
Par la masturbation cérébrale

Quoi que je fasse je pollue
Forcement je culpabilise
Je suis déprimé je n’en peut plus
Je sens que ma raison s’épuise
Mais il y’a au gouvernement
Une écolo qui va conduire
Un grand projet dépolluant
Je suis soulagé je respire

Mais quand je respire je pollue
Désolé

Pierre de la GALITE
LE PUITS AUX SOUVENIRS

Il est profond
Le puits aux souvenirs
Et si profond
Qu’il peut nous engloutir
Et les regrets
S’y perdent en avalanches
Et les regrets
Alimentent l’ennui
Au fond du puits
La lumière est si blanche
Qu’elle brille encore
Même quand vient la nuit

Autour du puits
Il y a des herbes folles
Autour du puits
Il y a des arbres nus
Les amours mortes
Que le vent caracole
Il est profond
Le puits aux souvenirs
Et si profond
Qu’il peut nous engloutir
N’y allez pas
Jouer sur la margelle
N’y allez pas
Regarder d’aussi prés
N’écoutez pas
L’écho qui vous appelle
Et vous entraîne
Au fond de l’eau glacée

Et Madeleine
Y vient fondre ses larmes
Et Madeleine
Y traîne son ennui
Et Madeleine
A tant versé de larmes
Qu’elle a noyé
Son cœur au fond du puit
S’enlisent
Dans ce désert imprévu

Pierre de La GALITE
LE PSYCHIATRE

Le psychiatre est malade
Il plante des salades
Sur du papier buvard
Il arrose il s’obstine
Mais le buvard décline
Ce procédé bizarre
Il va voir un confrère
Qui lui répond ma chère
C’est très intéressant
Voyez dans ma cuisine
Moi j élève des sardines
Dans des boites en fer blanc
Allez voir un psychiatre
J’en ai consulté quatre
Pour mes troubles mentaux
Manteau de zibeline
Que ma femme s’obstine
A vouloir en cadeau

Le premier sans mystère
M’a dit y’a rien à faire
Quand vous étiez petit
Votre nourrice anglaise
Vous mettait sur une chaise
Pour vous faire faire pipi
Le deuxième perplexe
M’a dit c’est un complexe
Que vous faites mon vieux
Quand vous faites la chose
Pensez donc à autre chose
Vous vous sentirez mieux

Allez voir un psychiatre
J’en ai consulté quatre
Pour mes égarements
Egaré dans la ville
Attirante et hostile
Et je m’y perd souvent

Le troisième soupçonne
Que j’ai les chromosomes
Complèt’ment déréglés
Entre l’y et l’x
Il y a un astérix
Qui joue à chat perché
Enfin le quatrième
M’a dit pas de problème
Moi je vous guérirai
Faites de la politique
Ou de la gymnastique
Faites vous remarquer

Allez voir un psychiatre
J’en ai consulté quatre
Et voyez maintenant
Pour conjurer l’anglaise
Je rempaille des chaises
Pour vaincre mes complexes
Je vais changer de sexe
Mes chromosomes mâles
Ont déjà fait la malle
Et pour les rattraper
Je fais de la course à pieds

Pierre de La GALITE
LE P’TIT BRIN D’MUGUET

Pour le premier Mai
Je lui offrirai
Un p’tit brin d’muguet
Avec les clochettes
Et je lui ferai
Un petit baiser
Sur son petit nez
Et sur ses fossettes

Pour le premier Mai
Pour ma bien-aimée
Je composerai
Une chansonnette
Et j’ose espérer
Qu’entre deux couplets
Et un gros baiser
Elle perde la tête

Pour le premier Mai
On ira danser
Toute la soirée
Dans une guinguette
Et puis fatigués
On ira s’aimer
Loin des indiscrets
Dans une cachette

Pour le premier Mai
Pour ma bien-aimée
Un p’tit brin d’muguet
Avec les clochettes

Pierre de La GALITE
LE VOYAGE EN ITALIE

Te souviens-tu des rues de Paris
Te souviens-tu des jardins fleuris
Il faisait beau même sous la pluie
Un plein soleil jour et nuit

Te souviens-tu des quais de Paris
Le long de la Seine endormie
Qui coulait lentement sans bruit
Tout autour de l’île Saint-Louis

Où tu me racontais
Ton pays l’Italie
Et tu me fredonnais
Les chansons d’amour de l’Italie

Tu ne parlais pas le français
Je ne parlais pas l’italien
Mais l’on se comprenait
En mots français et en italien

Dis pourquoi m’as-tu dis ti-Amo
Pourquoi j’ai répondu je t’aime
Et pourquoi m’as-tu promis
Un beau voyage à deux en Italie

Et pourquoi je t’ai dis ti-Amo
Et tu m’as répondu je t’aime
Et j’en rêvais toutes les nuits
De ce voyage en Italie

Te souviens-tu nous deux à Paris
Et depuis que tu es reparti
Je t’attends et je me languis
D’une lettre d’Italie

Sur les quais le long de la Seine
Et dans les rues ou je me traîne
Dans tous les jardins désertés
Où toutes les roses se sont fanées

Dis-moi pourquoi j’ai tant de peine
Dis-moi pourquoi j’ai tant de peine
Pourquoi je ne ferais jamais
Ce beau voyage en Italie jamais

Dis-moi pourquoi j’ai tant de peine
Qu’il n’y ai que moi qui m’en souvienne
De ces chansons qui me reviennent
De l’Italie de l‘Italie de l’Italie de l’Italie

Pierre de La GALITE
LES NOYAUX DES BANANES

Avec l’âge on prend du poids
Faut pas bouffer n’importe quoi
Pour garder la taille fine
Un joli petit minois
Et le teint d’une gamine
Vous mesdames écoutez-moi

Faut enlever les noyaux des bananes
Si non ça vous f’ra grossir
Ca vous f’ra grossir
Mesdames
Faut enlever les noyaux des bananes

Lorsque passée quarante ans
Gracieuse comme un éléphant
Vous voulez pour les vacances
Vous montrer comme autrefois
Nue sur les plages de France
Vous mesdames écoutez-moi

Faut enlever les noyaux des bananes
Si non ça vous f’ra grossir
Ca vous f’ra grossir
Mesdames
Faut enlever les noyaux des bananes
Si vous ne savez pas comment
Demandez à votre amant
Qui vous donnera la combine
Pour pas gober les noyaux
Déguster tout un régime
Et sans enlever la peau

Mais
Faut enlever les noyaux des bananes
Si non ça vous f’ra grossir
Ca vous f’ra grossir
Mesdames
Faut enlever les noyaux des bananes

Votre mari vous a donné
Des bananes non dénoyautées
Vous avez forci des hanches
Pris un sacré tour de rein
Vous prendrez votre revanche
En lui chantant ce refrain

Faut enlever les noyaux des bananes
Si non ça vous f’ra grossir
Ca vous f’ra grossir
Mesdames
Faut enlever les noyaux des bananes
Si non ça me f’ra grossir
Ca me f’ra grossir
Banane

Pierre de La GALITE
PLUS LE TEMPS PASSE

Plus le temps passe
Et plus je t’aime
Et je ne peux pas t’oublier
Et les regrets forment les chaînes
Qui me retiennent emprisonné
Plus le temps passe
Et plus ma vie
S’alimente de souvenirs
Comment veux-tu que je t’oublie
Et comment pourrai-je en guérir

Plus le temps passe
Et plus je t’aime
Et je ne peux pas t’oublier
Mon cœur est remplit de ces peines
Que sont mes tourments journaliers
Plus le temps passe
Et plus ma vie
S’accroche au fil du temps passé
Comme l’araignée qui se replie
Lorsque sa toile est déchirée

Plus le temps passe
Et plus je t’aime
Et je ne peux pas t’oublier
Les jours ressemblent à des semaines
Et les semaines à des années
Plus le temps passe
Et plus ma vie
Ressemble à un désert gelé
Malgré le soleil qui brille
Rien ne peut plus me réchauffer

Plus le temps passe
Et plus je t’aime
Mais il grandit trop cet amour
Plus le temps filera sa laine
Que ferai-je de tant d’amour
Tant d’amour pour si peu de vie
C’est plus qu’on en peut supporter
Tout cet amour qui se gaspille
Quand on ne peut le partager

Plus le temps passe
Et plus je t’aime
Et je ne peux pas t’oublier
Plus le temps passe
Et plus je t’aime
Et je ne t’oublierai jamais

Pierre de La GALITE
OU VAS-TU GITER GITAN

Ou vas-tu gîter gitan
Et pourquoi passer passant
Sans jamais t’arrêter
Ou vas-tu rêver rêveur
Et voyager voyageur
Je voudrais tant t’accompagner

Mais moi je reste attaché
Cloué par mes habitudes
Mais moi je reste enfermé
Seul avec mes solitudes
Moi qui ai le cœur serré
Rien qu’a l’idée de partir
Parce que je suis prisonnier
De quelques maigres souvenirs

Ou vas-tu gîter gitan
Et pourquoi passer passant
Sans jamais t’arrêter
Ou vas-tu rêver rêveur
Et voyager voyageur
Je voudrais tant t’accompagner

Mais moi quand je partirai
Pour mon unique voyage
Ce sera contraint et forcé
J’aurai pas besoin de bagage
Peut-être qu’alors je verrais
Tous ces merveilleux paysages
Que tu viens me raconter
Et me montrer sur des images

Ou vas-tu gîter gitan
Et pourquoi passer passant
Sans jamais t’arrêter
Ou vas-tu rêver rêveur
Et voyager voyageur
Tu n’es donc jamais fatigué
Tu n’es donc jamais fatigué

Pierre de La GALITE
LES POUBELLES DE MA MEMOIRE

Dans les poubelles de ma mémoire
Y’a tous les déchets de ma vie
De bons moments de sales histoires
Des vieux papiers des vieux débris

Si vous saviez c’que j’ai envie
De tout vider sur les trottoirs
Les chiens errants les sans abris
Viendraient disperser ce foutoir

Dans les poubelles de ma mémoire
Y’a un gamin qui a vieilli
Qui a fréquenté sans le savoir
De vrais salauds de faux amis

Si vous saviez c’que j’ai envie
De me décharger du fardeau
Le trimballer toute sa vie
Putain c’est lourd un sac à dos

Dans les poubelles de ma mémoire
Y’a des parents qui sont partis
J’ai du tellement les décevoir
Je ne savais rien de la vie

Je n’ai pas pu me rattraper
Pourquoi sont-ils partis si tôt
Et si je marche aussi voûté
Je n’ai pas que mon sac à dos
Dans les poubelles de ma mémoire
Un seul prénom a survécu
J’ai essayé de la revoir
Elle ne m’a jamais répondu

Tant de poèmes et tant de mots
Qui n’ont pourtant servi à rien
Il n’y a jamais qu’un seul mot
Aimer une femme aimer un chien

Dans les poubelles de ma mémoire
Y’a les nouvelles dans les journaux
J’ai trop de mal à concevoir
Qu’il y ait autant de salauds

Si vous saviez c’que j’ai envie
De débrancher cette mémoire
Passer le restant de ma vie
Ne plus entendre et ne plus voir

Dans les poubelles de nos mémoires
Y’a tous les déchets de la vie
Tous les vieux déchets de l’histoire
Et aussi de ma propre vie

Même si ce n’est pas beau à voir
Ce sont mes déchets c’est ma vie

Pierre de La GALITE
LES ROSES

On sait que se fânent les roses
Malgré les perles de rosée
Pourquoi ces métamorphoses
Pourqoui tout doit s’en aller

J’ai perdu tant de belles choses
Ne sais ou comment les retrouver
Je meurs à petites doses
On meurt d’avoir éxisté